Fujifilm X‑E5 : capteur 40 Mpx et IBIS dans un format compact
Avec le lancement du Fujifilm X‑E5, le fabricant nippon bouscule la hiérarchie de son offre APS‑C avec une nette montée en puissance. Avec ses 40 Mpx, sa stabilisation mécanique à 5 axes, l’autofocus assisté par intelligence artificielle et un viseur à l’esthétique vintage, le X‑E5 franchit un cap décisif pour s’imposer comme l’un des plus séduisants de la ligne X‑Series.
Longtemps considéré comme une porte d’entrée vers l’univers Fuji X, le X‑E s’était fait oublier depuis 2021. Mais cette cinquième génération change radicalement de philosophie. Il ne s’adresse plus au débutant curieux, mais au photographe averti qui veut un outil compact, expressif et hautement personnalisable. Pour cela, Fujifilm s’est appuyé sur une recette éprouvée : une ergonomie dépouillée mais raffinée, une compacité exemplaire et une touche rétro assumée.

Le Fujifilm X‑E5 reste ainsi fidèle à l’héritage télémétrique qui caractérise la série. Il adopte un design rectangulaire, avec viseur décentré, dans la lignée des anciens boîtiers Leica M ou du Fujifilm X‑Pro. Mais à la différence des précédentes versions, son châssis désormais réalisé en aluminium offre une sensation de densité et de robustesse qui tranche avec les boîtiers légers d’entrée de gamme. Pesant 445 g, le X‑E5 prend du muscle (+80 g par rapport au X‑E4) sans jamais paraître encombrant. Sa finition est irréprochable : peinture lisse satinée, gravures profondes, molette de sélection en laiton et écran rabattable qui épouse parfaitement le corps de l’appareil. Le viseur électronique de 2,36 Mpx est petit, mais lisible, tandis que l’écran LCD reste pivotable à 180°.
La nouveauté esthétique la plus marquante réside dans la molette de simulation de film : placée à l’avant, elle offre une lecture directe du style créatif sélectionné, dans une fenêtre rappelant les anciens compteurs ASA. On y retrouve les célèbres profils Fujifilm comme Classic Chrome, Eterna, Acros ou le très populaire Nostalgic Neg, qui joue sur les teintes pastel et les hautes lumières douces.

Un capteur haut de gamme
La vraie rupture vient du capteur. Fujifilm a greffé au X‑E5 le même capteur 40 Mpx que celui du X‑T5 et du X‑100VI : le X‑Trans CMOS 5 HR. Ce modèle rétroéclairé offre une définition impressionnante pour un format APS‑C, permettant des recadrages généreux, des impressions grand format et une finesse redoutable dans les textures fines. Associé au processeur X‑Processor 5, il améliore les performances globales : la réactivité est excellente, le délai d’allumage est imperceptible, et la mémoire tampon est assez large pour shooter en rafale jusqu’à 20 i/s avec l’obturateur électronique (recadrage de 1,25x) ou 8 i/s avec l’obturateur mécanique. Le X‑E5 est également le premier modèle de cette série à proposer une plage ISO native de 125 à 12 800, extensible à 51 200 ISO. Cela permet de mieux maîtriser les hautes lumières en plein jour, tout en maintenant une bonne tenue en basse lumière.

Une stabilisation intégrée
L’ajout d’un système de stabilisation mécanique à 5 axes dans un boîtier aussi compact est une prouesse pour la marque. Cette stabilisation offre jusqu’à 7 IL de compensation, ce qui rend possible des poses longues à main levée, mais aussi des vidéos stables sans gimbal. C’est un avantage décisif pour la photographie de rue, les ambiances nocturnes ou les portraits en faible lumière. Associée à des optiques lumineuses comme les Fujinon XF 35mm f/1.4 ou XF 56mm f/1.2, elle décuple les possibilités.

Autofocus avec intelligence artificielle
Grâce aux avancées en matière d’apprentissage en profondeur et d’intelligence artificielle de Fujifilm, le X‑E5 propose un autofocus de nouvelle génération capable de détecter automatiquement une variété de sujets : visages, yeux, animaux, oiseaux, véhicules, motos, trains, avions, insectes et même drones. Le suivi est fluide, réactif et précis, même en contre-jour ou en basse lumière. L’interface permet de verrouiller un sujet d’un simple appui, tandis que le joystick à l’arrière du boîtier autorise un placement rapide du collimateur. Ce nouvel autofocus donne une légitimité au X‑E5 pour de nombreux domaines : portraits dynamiques, reportages rapides, animaux en mouvement… même si le boîtier n’a pas vocation à concurrencer un X‑H2S ou un Sony A9 III sur les rafales sportives.

Vidéo UHD 6,2K
Même si le X‑E5 n’est pas un boîtier orienté vidéo à la base, Fujifilm lui offre des prestations très solides, avec un enregistrement en 6,2K 30p en interne et un échantillonnage 10 bits 4:2:2. Il permet aussi la 4K HQ, le F-Log2 et la capture au format ALL-I. La présence d’une prise micro (mini-jack), de la compatibilité USB-C casque, ainsi que la stabilisation IBIS, en font un outil tout à fait viable pour les vloggers, journalistes ou vidéastes de rue. Il peut également être utilisé comme une webcam USB, ce qui le rend utile dans un cadre professionnel ou pour du stream.

Positionnement, concurrence et prix
À 1 549 € boîtier nu, et 1 799 € avec la nouvelle optique 23mm f/2.8, le X‑E5 se situe dans une zone tarifaire plus élevée que les précédents modèles de la série. Il rivalise avec le X‑T50, le X‑100VI et même le X‑T5 sur le terrain du capteur et de la qualité d’image. La principale différence avec le X‑T50 est ergonomique (viseur central et grip prononcé vs viseur décentré et design plat), tandis que le X‑100VI propose une focale fixe mais un viseur hybride et un autofocus plus nerveux. Le Sony A6700, en face, propose une approche plus moderne mais moins inspirante, tandis que les Nikon Z fc ou Canon R50 ciblent un public plus débutant.

Conclusion
Le Fujifilm X‑E5 est une réussite sur presque tous les plans. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il s’adresse à une frange de photographes exigeants, nostalgiques du geste photographique, mais ouverts à la modernité. Ceux qui veulent un outil bien construit, pensé pour durer, personnalisable, beau, et capable de livrer des fichiers exceptionnels.
Ce n’est plus une simple porte d’entrée dans l’univers Fujifilm : c’est un appareil abouti, cohérent, expressif. Un compagnon de route que l’on choisit, que l’on chérit, que l’on garde longtemps. Son interface physique, ses molettes dédiées, ses simulations de film au rendu proche de l’argentique poussent à ralentir, observer, cadrer, attendre la lumière juste. Il n’est pas aussi polyvalent qu’un X‑T5 en ergonomie, ni aussi rapide qu’un X‑H2, ni aussi intégré qu’un X‑100VI. Mais c’est un boîtier avec une âme. Un appareil pour ceux qui veulent renouer avec le plaisir du déclenchement et le goût des belles images.
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