Comment photographier de nuit ?
La photographie de nuit est un domaine véritablement captivant. Une scène banale et peu intéressante de jour peut être totalement transformée et sublimée une fois photographiée de nuit. De plus, photographier de nuit permet d’éviter la foule sur certains lieux emblématiques envahis par le public la journée. Cependant, prendre des photos la nuit nécessite un peu plus de maîtrises et de connaissance que la photographie classique. En effet, en raison de la faible luminosité ambiante, les différents automatismes de l’appareil ne fonctionnent plus ou ne sont plus suffisamment efficaces. Il est donc nécessaire d’exposer manuellement l’image, en calculant soi-même l’ouverture, la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO. Cela représente ainsi un excellent entraînement pour apprendre les bases de la photo et faire de vous un meilleur photographe. Dans ce guide, nous allons voir 8 astuces pour facilement photographier de nuit en ville ou à la campagne.
Utilisez un trépied
Pour photographier de nuit, si vous ne souhaitez pas utiliser une sensibilité ISO extrême qui introduirait du bruit sur l’image, il sera nécessaire d’étendre la durée de l’exposition, comme nous le verrons plus bas dans la suite de ce guide. Cependant, avec une vitesse d’obturation pouvant parfois dépasser plusieurs secondes ou minutes, il est impossible d’obtenir une photo suffisamment nette à main levée. En effet, même les plus subtiles micro-vibrations des mains sont enregistrées par le capteur, ce qui impacte automatiquement la netteté finale de l’image. Il est donc indispensable de placer votre appareil sur une surface plane ou idéalement sur un trépied. Ce dernier vous permettra également de minutieusement composer votre image et de réaliser la mise au point manuelle avec une plus grande précision.
Utilisez les bons paramètres d’exposition
Photographier de nuit fait partie de l’un des domaines où il est encore indispensable d’utiliser le mode d’exposition manuel pour avoir un contrôle total sur les trois paramètres du triangle d’exposition que sont la vitesse d’obturation, l’ouverture et la sensibilité ISO. En raison de la faible luminosité présente, les paramètres à utiliser peuvent vous sembler peu familiers. Voici comment utiliser et ajuster chacun d’entre eux.
L’ouverture du diaphragme. Ce paramètre détermine la quantité de lumière que l’objectif laisse entrer sur le capteur. Elle est notée f/nombre sur votre appareil photo. Plus ce nombre est petit, plus l’ouverture est large et donc plus la quantité de lumière entrante est importante. Il est donc conseillé d’utiliser une très grande ouverture (généralement inférieure à f/4) pour photographier de nuit afin d’optimiser au maximum la durée de l’exposition. Utiliser une grande ouverture présente cependant l’inconvénient d’engendrer une très faible profondeur de champ. Cela est problématique en pleine journée, mais étant donné que la nuit, la plupart des scènes rencontrées disposent d’un arrière-plan plongé dans l’obscurité, vous pourrez utiliser sans risque de très grandes ouvertures.
La sensibilité ISO. Plus la sensibilité ISO est élevée, plus le capteur photo est sensible à la lumière. Il semblerait donc logique d’utiliser une sensibilité ISO élevée pour photographier de nuit afin d’optimiser le peu de lumière disponible. Cependant, une forte sensibilité ISO présente l’inconvénient d’engendrer du bruit numérique sur l’image. Celui-ci se caractérise par des grains plus ou moins gros et parfois impossibles à supprimer en post-production. Il est donc indispensable de ne pas dépasser la valeur ISO maximale autorisée par votre appareil. Celle-ci est généralement comprise entre 1600 et 6400 ISO suivant le modèle de votre appareil. Si vous ne connaissez pas la valeur maximale autorisée, effectuez plusieurs clichés d’un même sujet en augmentant progressivement la valeur ISO. Analysez ensuite les images sur ordinateur pour déterminer à partir de quelle valeur le grain devient trop important. Celui-ci commence en général à apparaître dans les zones sombres de l’image, puis regroupe progressivement l’ensemble de la scène. Après avoir déterminé cette valeur, il vous suffira pour prendre des photos de nuit de sélectionner une sensibilité inférieure ou égale à cette valeur maximale, puis d’ajuster la vitesse d’obturation pour équilibrer le triangle d’exposition.
La vitesse d’obturation. Photographier de nuit nécessite d’utiliser une vitesse d’obturation de plusieurs secondes, voir de plusieurs minutes dans le pire des cas afin de capturer le peu de lumière disponible. Si vous photographiez en ville ou que le ciel n’apparaît pas sur votre photo, il suffira simplement de prolonger l’exposition jusqu’à ce que la photo soit correctement exposée. En revanche, si vous souhaitez photographier les étoiles, il sera nécessaire de régler cette vitesse d’obturation avant la sensibilité ISO et de ne pas dépasser une certaine valeur. Il faut en effet savoir qu’étant donné que la Terre tourne, l’appareil perd rapidement son alignement avec les étoiles et elles n’apparaissent alors plus comme des points, mais comme des traînées plus ou moins longues. Vous pourrez obtenir plus de détails à ce sujet sur l’article « comment photographier la voie lactée », mais pour simplifier, vous pouvez rapidement déterminer la durée maximale de l’exposition pour photographier des étoiles en appliquant la règle des 500. Celle-ci consiste à diviser 500 par votre focale. Par exemple, si vous souhaitez prendre une photo de nuit avec un objectif de 30 mm, cela vous donne 500/30, soit une durée maximale de 16 secondes.
Attention ! Pour que la règle des 500 soit efficace, il faut que la longueur de la focale soit exprimée pour un capteur plein format. Par conséquent, si vous disposez d’un appareil APS-C, il faudra la multiplier par 1,5 pour obtenir la focale réelle à diviser. Sur un capteur micro 4/3, il faudra cette fois-ci la multiplier par deux. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet sur l’article « les différents capteurs photo et leurs conséquences ».
Réalisez un bracketing d’exposition
Malgré tous les conseils précédemment mentionnés pour photographier de nuit, il peut être difficile dans certaines situations d’obtenir une exposition parfaite sur l’ensemble de la photo. Cela est par exemple le cas en ville, lorsque vous avez une partie de l’image illuminée par un éclairage public, tandis que le reste de la scène se trouve dans la pénombre, ou dans l’obscurité totale. Dans cette situation, peu importe les réglages utilisés, vous pourrez soit obtenir une exposition correcte sur la zone éclairée, soit sur la zone placée dans l’ombre. L’ensemble de l’image ne pourra en revanche jamais être uniformément exposé. Dans cette situation, la solution la plus simple consiste à réaliser un bracketing d’exposition pour parfaitement exposer l’ensemble de la scène.
Aujourd’hui, la plupart des appareils photo numériques disposent d’un mode de bracketing d’exposition automatique. Celui-ci est en général abrégé par les lettres « AEB » sur la molette des modes ou depuis les menus de l’appareil. Très pratique, ce mode va permettre de rapidement capturer une série de plusieurs photos (généralement 3 images) avec différentes expositions pour chaque image. Par conséquent, une fois le mode bracketing sélectionné, lorsque vous appuierez sur le déclencheur, votre appareil va réaliser une première photo avec une exposition moyenne pour l’ensemble de la scène, comme cela aurait été le cas avec tout autre mode d’exposition. Cependant, le bracketing ne se contente pas d’une seule image et va en capturer au minimum deux autres : une sous-exposée pour capturer un maximum de détails dans les zones lumineuses de l’image et une surexposée pour capturer les zones sombres de la scène. Lorsque cette série de photos est réalisée, votre appareil pourra les assembler automatiquement en une unique photo de nuit sur laquelle l’ensemble de la scène est parfaitement exposé. Cela nécessite tout de même que votre appareil soit suffisamment récent. Si ce n’est pas votre cas, vous pourrez assembler manuellement les images depuis Photoshop en utilisant les masques de luminosité ou depuis Lightroom en utilisant l’outil HDR.
Pensez au mode Bulb
Lorsque vous photographiez en mode manuel, la durée maximale de l’exposition ne peut généralement pas aller au-delà des 30 secondes sur la plupart des appareils. Cette vitesse de 30 secondes s’avère le plus souvent amplement suffisante pour photographier de nuit en ville ou pour photographier les étoiles. En revanche, dans quelques rares situations comme cela pourrait être le cas pour photographier de nuit dans un environnement dénué de toute pollution lumineuse, il sera indispensable d’exposer parfois plusieurs dizaines de minutes pour capturer le peu de lumière présente. Se pose alors la question comment prendre des photos de nuit en exposant plusieurs minutes ? Tout simplement en utilisant le mode bulb de votre appareil. Dans ce mode, l’obturateur reste ouvert tant que vous maintenez le déclencheur enfoncé. Ainsi, lorsque vous appuyez sur le déclencheur de votre appareil, l’exposition débute, puis lorsque vous le relâchez, 1 minute, 10 minutes ou 1 heure plus tard, elle se termine. Bien évidemment, l’utilisation d’un déclencheur à distance ou d’une application de contrôle pour smartphone est indispensable pour éviter le flou de bougé et éviter d’attraper une crampe au doigt. Si vous ne savez pas comment utiliser le mode bulb de votre appareil, nous vous recommandons de lire l’article « comprendre et maîtriser le mode bulb ».
Réalisez un test avec une haute sensibilité ISO
Nous avons précédemment vu qu’il est fortement déconseillé d’utiliser une sensibilité ISO trop élevée afin de limiter le bruit numérique. Il est en revanche possible de mettre à profit ces fortes valeurs pour réaliser des essais. En effet, avec une faible sensibilité ISO, la vitesse d’obturation qui en résulte est généralement de plusieurs dizaines de secondes, voir de plusieurs minutes. Par conséquent, étant donné que les premières photos servent généralement d’essai pour ajuster les réglages, utiliser une valeur ISO beaucoup plus élevée que celle habituellement employée vous permettra d’éviter de trop attendre pour réaliser cette série de tests. Par exemple, imaginons que vos paramètres d’exposition sont de 20 secondes, f/4 et ISO 800. Plutôt que d’attendre 30 secondes entre chaque tir d’essai, vous pouvez augmenter l’ISO jusqu’à 6400, ce qui fait une augmentation de 3 Il. Le capteur pourra ainsi réaliser la même exposition, mais en seulement 2,5 secondes. Vous pourrez ainsi visualiser le résultat à l’aide de l’écran LCD et de l’histogramme pour rapidement ajuster l’ouverture et la vitesse d’obturation si nécessaire. Une fois que vous êtes satisfait, il suffit de diminuer l’exposition ISO sur une valeur décente, puis d’augmenter d’un nombre égal la vitesse d’obturation. Si vous ne connaissez pas les rapports de luminosité entre les différentes valeurs du triangle d’exposition, vous pourrez en savoir plus sur l’article « comprendre et maîtriser l’indice de lumination ».
Utilisez la mise au point manuelle
Même si les systèmes autofocus des appareils photo numériques sont de plus en plus performants, ils montrent souvent des signes de faiblesse pour photographier de nuit. La mise au point se révèle alors très longue et aléatoire. L’utilisation de la mise au point manuelle est par conséquent préférable pour garantir une netteté toujours optimale. Pour vous assurer de réaliser la mise au point sur la bonne zone de l’image, vous pouvez utiliser le mode Live View afin de zoomer sur le sujet sur lequel vous souhaitez l’effectuer. Tournez ensuite la bague de mise au point jusqu’à ce que le sujet soit parfaitement net.
Surveillez la balance des blancs
Si vous souhaitez prendre des photos de nuit en ville, il faudra faire particulièrement attention au réglage de la balance des blancs. En effet, comme vous l’avez déjà tous remarqué, les lumières artificielles des éclairages publics émettent une lumière généralement orangée, ce qui est loin d’être des plus esthétiques à l’image. Celle-ci est en général comprise entre 2000 et 4200 K. Alors comment prendre des photos la nuit sans obtenir des images jaunes et inexploitables ? La solution réside dans le réglage de la balance des blancs. Il est en effet recommandé de désactiver la balance des blancs automatique de votre appareil pour la régler manuellement sur une valeur plus élevée et donc une teinte plus froide. Vous pouvez également utiliser l’un des presets disponibles sur votre appareil. Dans tous les cas, si vous souhaitez conserver une plus grande flexibilité dans la gestion de la teinte de vos images, il est préférable de photographier en RAW plutôt qu’en JPEG. Ce format vous permettra de plus d’ajuster l’exposition de l’image avec une plus grande précision.
Photographiez en RAW
Comme nous venons de le voir, photographier de nuit peut s’avérer quelque peu délicat pour judicieusement régler la balance des blancs et correctement exposer les zones sombres et lumineuses de l’image. Photographier en RAW plutôt qu’en JPEG s’avère alors fortement recommandé pour ajuster la teinte et l’exposition de l’image avec une plus grande souplesse en post-production. Il est ainsi possible de légèrement atténuer les hautes lumières des éclairages, de rehausser les ombres ou encore d’ajuster la colorimétrie de l’image sans que cela ne dégrade la qualité de la photo. Un fichier RAW permet également d’obtenir des images de meilleure qualité. Ils sont en effet généralement enregistrés sur 14 bits (parfois plus sur des appareils haut de gamme), alors que les fichiers JPEG ne sont que sur 8 bits. Plus ce nombre de bits est élevé, plus la gamme de couleurs disponible est large et ainsi plus les transitions entre chaque teinte sont précises. Cela évite alors d’obtenir de disgracieuses bandes entre les dégradés, comme cela est souvent le cas lorsque vous photographiez de nuit en JPEG.
On arrive à la fin de cet article et vous savez désormais comment photographier de nuit. Comme vous avez pu le constater, prendre des photos de nuit s’avère beaucoup moins compliqué que l’idée que l’on s’en fait au départ. Dans tous les cas, n’oubliez pas que les plus importants pour réussir vos photos de nuit sont de correctement stabiliser votre trépied, de photographier en RAW et d’éviter les sensibilités ISO trop élevées.
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Super article, hâte d’essayer ça lorsque j’aurais mon premier appareil ! (Sony A6300)
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