Divers

​​Quelle est la résolution d’une pellicule photo ?

À l’heure du numérique, une question intrigue : quelle est la résolution réelle d’une pellicule argentique ? À combien de mégapixels correspond-elle ? Cette interrogation nécessite de prendre en compte plusieurs critères clés tels que la définition, le piqué et la plage dynamique. Car la comparaison entre argentique et numérique dépasse largement une simple correspondance mathématique de mégapixels.

Comprendre la résolution en photo argentique

La notion de résolution pour une pellicule photo est délicate à définir, car elle ne fonctionne pas exactement comme un capteur numérique. En numérique, la résolution est directement déterminée par le nombre de pixels présents sur un capteur (exprimé en mégapixels). Plus ces derniers sont nombreux, plus l’image pourra être agrandie sans perdre en qualité. En argentique, cependant, la résolution dépend de plusieurs facteurs tels que le grain de la pellicule, la sensibilité du film, la qualité de l’objectif utilisé, ainsi que le processus de numérisation ou d’agrandissement.

Comme en numérique, la résolution dans l’univers de l’argentique ne dicte pas la qualité finale d’une image qui est dépendante de nombreux paramètres externes. 

Définition versus résolution : attention aux nuances

En photographie argentique, la définition d’une image est étroitement liée au grain du film. Une pellicule de faible sensibilité (ISO 25 à 100, par exemple) dispose généralement d’un grain très fin, permettant de capturer un niveau élevé de détails. À l’inverse, une pellicule haute sensibilité (ISO 800, 1600 ou plus) présente un grain plus prononcé, réduisant ainsi la finesse des détails capturés. Cela influe directement sur ce qu’on appelle communément « résolution », même si cette dernière n’est pas directement exprimée en pixels comme dans le numérique.

Le grain argentique peut être assimilé, par analogie, aux pixels en numérique, mais cette comparaison possède ses limites : là où un pixel est carré et bien défini, le grain argentique est irrégulier et aléatoire. C’est cette spécificité qui confère à l’argentique sa texture unique, mais complique toute tentative de comparaison directe avec les mégapixels.

À lire : quelle différence entre résolution et définition ?

La résolution effective des pellicules argentiques

Malgré la difficulté à établir une équivalence exacte, plusieurs études et tests comparatifs permettent d’estimer la résolution moyenne de certaines pellicules argentiques. Le format 35 mm (24×36 mm) qui est le plus couramment utilisé est généralement estimé à une résolution équivalente comprise entre 10 et 20 mégapixels en termes numériques. Certaines pellicules à grain très fin, comme la célèbre Kodak Ektar 100 ou la Fuji Velvia 50 (diapo), peuvent approcher voire dépasser légèrement cette valeur en conditions optimales.

En passant à des formats plus grands comme le moyen format (6×6, 6×7, 6×9), les équivalences en mégapixels grimpent très vite. Un négatif moyen format peut facilement offrir une définition équivalente à 50 voire 80 mégapixels, tandis que le grand format (4×5 pouces ou plus) atteint aisément une équivalence de 100 mégapixels ou davantage.

Les meilleures pellicules peuvent offrir une finesse des détails comparable à un appareil numérique de 20 Mpx. 

Le piqué : un facteur décisif

Outre la définition brute, le piqué (capacité d’un film et d’un objectif à restituer les plus fins détails avec précision) est crucial. La résolution théorique d’une pellicule est inutile si elle est altérée par un objectif médiocre. En effet, la qualité optique joue énormément sur le rendu final de l’image argentique. Ainsi, un excellent objectif associé à une pellicule modeste donnera souvent une image plus agréable et détaillée qu’un objectif moyen sur une pellicule haut de gamme.

À ce titre, il faut aussi rappeler que le processus de numérisation (scanner à plat, scanner dédié, numérisation par appareil photo numérique) influe énormément sur le résultat final. Une numérisation mal réalisée peut rapidement anéantir l’avantage de définition d’une pellicule de haute qualité.

Même une pellicule de très haute qualité sera inefficace avec un objectif doté d’un faible piqué. 

La plage dynamique : un domaine où l’argentique excelle encore

Un autre critère essentiel pour comparer argentique et numérique est la plage dynamique, c’est-à-dire la capacité à restituer simultanément des détails dans les zones très lumineuses (hautes lumières) et très sombres (ombres). Historiquement, la pellicule argentique se montre souvent supérieure au numérique sur ce point. Là où les meilleurs capteurs numériques récents offrent une plage dynamique généralement comprise entre 12 et 15 IL, certaines pellicules négatives (par exemple la Kodak Portra 400) peuvent atteindre voire dépasser ces valeurs, restituant ainsi des images particulièrement riches en nuances. Cette qualité est particulièrement appréciée par les photographes adeptes de la photographie de paysage, de portrait en lumière naturelle ou d’architecture, des domaines où les contrastes forts entre ombres et lumières sont fréquents.

Les pellicules argentiques sont reconnues pour leur très bonne plage dynamique avec une capacité à capturer efficacement les détails sur l’ensemble de la scène. 

Nuance et subtilité : l’argentique au-delà des mégapixels

L’attrait de la photographie argentique ne repose donc pas seulement sur une question de résolution brute, mais aussi sur des aspects plus subtils : restitution des couleurs, grain naturel, plage dynamique étendue et rendu global perçu comme plus doux ou plus organique par de nombreux photographes.

En effet, le rendu spécifique d’une pellicule argentique ne peut être entièrement reproduit par un capteur numérique, malgré les progrès constants du numérique et l’utilisation de filtres ou d’effets imitant l’argentique. Le grain argentique, notamment, est irrégulier et varie d’une pellicule à l’autre, ce qui lui confère un caractère unique très recherché.

Et en vidéo ? 4K, 8K, ou plus encore ?

Lorsqu’on transpose la question à la vidéo, on se rend compte que la pellicule offre également un potentiel impressionnant. Une pellicule argentique 35 mm utilisée pour le cinéma dispose généralement d’une résolution équivalente à au moins une vidéo 4K, voire souvent 6K ou même 8K lorsqu’elle est numérisée avec soin. Pour le cinéma en grand format (IMAX, 70 mm), la résolution dépasse facilement la 8K et peut même atteindre des niveaux nettement supérieurs, fournissant une finesse de détail exceptionnelle lors des projections sur très grands écrans. Ce potentiel élevé explique pourquoi, malgré les progrès du numérique, certains réalisateurs continuent de tourner leurs films en pellicule, recherchant ce niveau de détail et cette esthétique spécifique.

En vidéo, la résolution moyenne des pellicules est de 6k, soit bien supérieure aux capacités de production de nombreux appareils photo. 

Argentique ou numérique : deux philosophies complémentaires

Au-delà des chiffres et des mégapixels, la comparaison entre argentique et numérique est aussi une question d’approche personnelle et créative. Certains photographes apprécient la limitation technique imposée par l’argentique, qui pousse à prendre son temps, à réfléchir à chaque déclenchement. D’autres préfèrent la souplesse et la rapidité du numérique, permettant de nombreuses corrections et ajustements immédiats.

Finalement, si la question initiale était : « Quelle est la résolution d’une pellicule photo ? », il semble clair que la réponse ne peut être simple ou unique. En termes strictement numériques, on peut donner des équivalences approximatives : entre 10 et 20 mégapixels pour une pellicule 35 mm, beaucoup plus pour du moyen ou du grand format. Mais cette réponse ne rend pas pleinement justice à l’argentique, dont les qualités essentielles sont ailleurs.

Bien plus qu’une question de résolution ou de qualité d’image, le choix entre argentique et numérique est avant tout une affaire personnelle suivant l’approche que l’on porte à ce médium. 

Conclusion : une comparaison à nuancer

Comparer directement la pellicule photo au numérique sur la seule base de la résolution en mégapixels serait réducteur. Certes, une équivalence peut être avancée, mais la photographie argentique va bien au-delà : texture du grain, restitution des nuances subtiles de lumière et couleur, plage dynamique exceptionnelle, sans oublier l’expérience tactile et sensorielle associée à son processus de création.

Ainsi, plutôt que de chercher une simple réponse chiffrée à la résolution d’une pellicule, mieux vaut considérer l’argentique et le numérique comme deux moyens complémentaires de s’exprimer en photographie, chacun avec ses forces, ses faiblesses, et ses charmes uniques.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à vous abonner à la newsletter pour être informé lors de la publication des prochains sujets et pour recevoir gratuitement votre livre photo.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *