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Observer des aurores boréales en France et Europe en 2025 ?

Les aurores boréales ont illuminé l’année 2024 de façon spectaculaire, offrant un spectacle grandiose visible à des latitudes inattendues à travers le globe. Alors que 2025 débute, nombreux sont ceux qui se demandent si ces conditions exceptionnelles pourraient se répéter. Cet article vous propose d’explorer les aspects scientifiques, historiques et environnementaux qui influencent l’apparition des aurores boréales, et de découvrir si vous aurez à nouveau l’opportunité de les contempler depuis la France ou ailleurs en Europe.

Comment se forme une aurore boréale ?

Une aurore boréale trouve son origine dans les interactions complexes entre le vent solaire et le champ magnétique terrestre. Tout commence par une éruption solaire, qui projette des particules chargées à grande vitesse dans l’espace. Ces dernières, composées principalement d’électrons et de protons, voyagent dans le vent solaire et atteignent parfois la Terre.

Lorsque ces particules approchent de notre planète, elles suivent la courbe du champ magnétique terrestre pour s’accumuler dans les régions proches des pôles. On parle alors d’aurore boréale pour le pôle magnétique Nord et d’aurore australe pour le pôle magnétique Sud. Le phénomène reste cependant le même et c’est dans la magnétosphère, une zone de l’espace dominée par ce champ magnétique, que l’interaction principale se produit. Les particules chargées entrent en collision avec les atomes et molécules présents dans la haute atmosphère, comme l’oxygène et l’azote.

Ces collisions excitent les atomes, qui émettent ensuite de la lumière (des photons) lorsqu’ils reviennent à leur état énergétique normal. Les couleurs des aurores varient ainsi en fonction du gaz impliqué et de l’altitude :

  • Vert : la couleur la plus commune, due à l’oxygène situé entre 100 et 200 km d’altitude.
  • Rouge : produite par l’oxygène à des altitudes plus élevées (au-dessus de 200 km).
  • Bleu et violet : résultent des collisions avec l’azote, souvent à des altitudes plus basses (environ moins de 95 km).
La couleur d’une aurore boréale ou australe dépend des gaz présents et de l’altitude à laquelle elle se forme.

La formation d’une aurore nécessite également des tempêtes géomagnétiques, qui amplifient ces interactions en perturbant le champ magnétique terrestre. Plus l’activité solaire est intense, plus les aurores peuvent être visibles à des latitudes inhabituellement basses, comme en Europe centrale ou même en France.

Pourquoi 2024 a été une année exceptionnelle ? 

L’année 2024 a été marquée par une activité solaire intense, une conséquence directe du cycle solaire en cours. Ce dernier, d’une durée moyenne de 11 ans, se caractérise par des variations du nombre de taches solaires, lesquelles reflètent le niveau d’activité magnétique du Soleil. Le maximum solaire, prévu pour 2025, correspond au point culminant de ce cycle, avec une fréquence accrue des éruptions solaires et des éjections de masse coronale.

En 2024, des tempêtes géomagnétiques d’une intensité exceptionnelle ont été observées. Ces perturbations du champ magnétique terrestre, mesurées par l’indice Kp – une échelle de 0 à 9 – ont atteint des niveaux supérieurs à 7. De telles conditions ont permis aux aurores boréales d’être visibles bien au-delà des régions polaires, s’étendant jusqu’à des latitudes aussi basses que la France, la Belgique ou le nord de l’Espagne.

Grâce à de nombreuses tempêtes solaires de forte intensité, 2024 a offert des conditions idéales pour observer des aurores boréales sur de vastes latitudes.

Aurores boréales 2025 : les prévisions et opportunités

Le maximum solaire attendu en 2025 laisse entrevoir de nouvelles opportunités pour observer des aurores boréales en France et dans le reste de l’Europe. Cependant, plusieurs facteurs entrent en jeu :

L’intensité des éruptions solaires

Si le cycle solaire atteint son paroxysme, des éruptions solaires puissantes sont à prévoir. Ces événements augmentent la probabilité de tempêtes géomagnétiques, lesquelles perturbent la magnétosphère et créent les conditions idéales pour l’apparition d’aurores boréales. Leur intensité est mesurée par divers indices comme le flux de rayons X et l’amplitude des émissions radio associées. Plus ces éruptions sont puissantes, plus elles projettent des particules à grande vitesse, permettant ainsi à ces tempêtes d’atteindre des latitudes inhabituellement basses, comme le centre ou le sud de l’Europe. Une éruption solaire exceptionnelle pourrait même rendre les aurores visibles dans des régions où elles sont généralement inexistantes. Cela souligne l’importance de suivre les prévisions d’activité solaire pour anticiper ces événements spectaculaires.

Avec un maximum d’intensité solaire attendu en 2025, la probabilité de fortes tempêtes solaires dirigées vers la Terre est élevée.

La direction des éjections de masse coronale

Les éjections de masse coronale jouent un rôle central dans l’apparition des aurores boréales. Ces éruptions solaires massives projettent des milliards de tonnes de plasma à travers l’espace, transportant avec elles des champs magnétiques. Pour que ces événements aient un impact significatif sur la Terre, ils doivent être dirigés précisément vers notre planète.

Lorsque les particules chargées entrent en interaction avec le champ magnétique terrestre, elles provoquent des tempêtes géomagnétiques susceptibles de générer des aurores visibles. Cependant, toutes les éjections de masse coronale ne prennent pas cette direction favorable. Beaucoup d’entre elles s’égarent dans l’espace, loin de la Terre. La probabilité qu’une éjection frappe directement la magnétosphère dépend de facteurs tels que l’orientation magnétique de l’éruption et sa vitesse.

Les aurores boréales sont le résultat des interactions entre les particules issues des éjections de masse coronale et le champ magnétique terrestre.

La présence d’un ciel clair

Les conditions météorologiques jouent un rôle crucial dans l’observation des aurores boréales. Un ciel dégagé est indispensable, car même une faible couverture nuageuse peut suffire à masquer ce spectacle lumineux. Il est donc essentiel de prêter attention aux prévisions météorologiques. Les mois d’hiver, malgré leur froid, offrent souvent des nuits claires grâce aux hautes pressions atmosphériques. Ces conditions sont particulièrement favorables dans les régions nordiques comme la Scandinavie, mais aussi dans certaines zones montagneuses d’Europe centrale, où l’air sec et froid prévaut.

De plus, pour optimiser l’observation, il est important de s’éloigner des sources de pollution lumineuse. Les campagnes, les parcs nationaux ou les zones éloignées des grandes agglomérations offrent un ciel nocturne bien plus propice à admirer ce spectacle. Il est également utile de consulter des outils en ligne, tels que des cartes de pollution lumineuse ou des applications prédisant les fenêtres de ciel clair, pour planifier vos sorties.

Les aurores boréales ne révèlent leur splendeur qu’en l’absence de nuages et de pollution lumineuse, des conditions idéales souvent rencontrées dans les régions nordiques et les zones isolées.

Connaître l’indice Kp pour prédire les aurores boréales

L’indice Kp est une mesure essentielle pour prévoir l’apparition d’aurores boréales. Il quantifie l’intensité des perturbations du champ magnétique terrestre sur une échelle de 0 à 9. Plus l’indice Kp est élevé, plus les chances d’observer des aurores à des latitudes basses augmentent. Ce paramètre est généralement calculé à partir de données collectées par un réseau mondial de magnétomètres, qui mesurent les fluctuations du champ magnétique terrestre.

Pour suivre et interpréter l’indice Kp, plusieurs outils numériques sont disponibles. Des applications mobiles comme My Aurora Forecast ou Space Weather Live fournissent des prévisions en temps réel basées sur les observations actuelles de l’activité solaire et géomagnétique. Ces plateformes affichent les indices Kp prévus et les tendances, ce qui permet de planifier les observations de manière assez efficace.

Un indice Kp entre 5 et 6 correspond à des tempêtes géomagnétiques modérées, rendant les aurores visibles dans les régions situées aux alentours de 55° de latitude. Au-delà de Kp 7, les aurores peuvent être observées à des latitudes beaucoup plus basses, y compris en Europe centrale ou même en France. La durée de ces événements peut varier, mais les alertes et notifications issues de ces outils permettent de réagir rapidement pour ne pas manquer ce spectacle. Les prévisions météorologiques, quant à elles, complètent ces données en indiquant les zones d’observation potentielles dotées d’un ciel clair.

L’indice Kp permet de mesurer l’intensité des perturbations magnétiques terrestres, aidant ainsi à prévoir la visibilité des aurores boréales, même à des latitudes inhabituelles.

Conseils pour photographier les aurores boréales

Si vous prévoyez de photographier les aurores boréales en 2025, quelques préparatifs sont indispensables pour obtenir des photos réussies et retranscrire la magie de ce spectacle. Tout commence par le choix du matériel : un appareil photo reflex ou hybride performant en basse lumière est préférable, accompagné d’un objectif grand angle doté d’une ouverture lumineuse (f/2.8 ou inférieure) comme le Sigma 20 mm f/1,4 DG. Un trépied robuste est essentiel pour réaliser de longues expositions sans flou de mouvement. 

En termes de réglages, adoptez une sensibilité ISO située entre 800 et 3200, selon la luminosité des aurores et les capacités de votre appareil. Gardez l’ouverture de votre objectif au maximum pour capturer autant de lumière que possible. Ensuite, la vitesse d’obturation devra être étendue à plusieurs secondes pour maximiser l’intensité et l’étendue des aurores boréales. La durée maximale de l’exposition sera dictée par la rotation de la Terre, car elle provoque un déplacement des étoiles, qui apparaissent alors sous forme de traînées lumineuses plutôt que de points fixes. Pour éviter cet effet, vous pouvez appliquer la règle des 500 : divisez 500 par la focale de votre objectif pour obtenir la durée maximale d’exposition. Par exemple, avec une focale de 24 mm, le calcul donne 500/24, soit une durée maximale de 20 secondes. 

Un appareil performant en basse lumière, un objectif grand angle lumineux, et un trépied robuste sont vos alliés pour prendre en photo les aurores boréales. 

Pour maximiser vos chances de réussite, n’oubliez pas de bien préparer votre environnement de prise de vue. Choisissez un endroit éloigné de la pollution lumineuse et apportez des vêtements chauds, car les nuits peuvent être glaciales. Enfin, pensez à utiliser une télécommande ou le retardateur de l’appareil pour éviter les flous causés par la pression sur le déclencheur. Avec ces précautions, vous serez prêt à immortaliser ces merveilles naturelles dans toute leur splendeur.

Conclusion et perspectives

Alors que 2025 s’annonce comme un excellent millésime pour les aurores boréales, il reste des incertitudes liées aux caprices de l’activité solaire et aux conditions météorologiques. Cependant, avec un maximum solaire au sommet de son intensité, les chances d’observer des aurores boréales en Europe, y compris dans des zones inhabituelles comme la France, sont réelles. Que ce soit pour contempler ou capturer ces merveilles lumineuses, 2025 pourrait ainsi être une année encore plus inoubliable que 2024. Levez les yeux aux ciels, l’aurore pourrait bien éclairer votre nuit. 

photographier comète C/2022 E3 (ZTF)

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