Apprendre la photographie d’architecture urbaine
La photographie d’architecture illustre la beauté et les spécificités des bâtiments que nous côtoyons au quotidien. Elle met en lumière le travail des architectes et l’histoire des monuments. La photo d’architecture nécessite cependant de bonnes connaissances techniques et un œil avisé pour parvenir à mettre en valeur un monument à travers ses formes, ses détails et son histoire. Vous devez utiliser de manière créative la perspective et la lumière pour modeler les formes et donner de la personnalité à une structure. Que vous souhaitiez photographier des bâtiments historiques ou modernes, l’intérieur ou l’extérieur d’un monument, vous trouverez dans ce guide toutes les informations nécessaires pour vous lancer dans cette discipline passionnante.
Comprendre l’architecture
Pour faire de la photo d’architecture, il est avant tout nécessaire de comprendre l’architecture en elle-même. Chaque bâtiment a des caractéristiques uniques qui déterminent la manière dont il doit être photographié. Par exemple, un monument historique présente généralement d’innombrables détails architecturaux qui peuvent nécessiter une mise au point précise et une composition plus serrée. À l’inverse, les bâtiments modernes adoptent généralement des lignes plus épurées et une géométrie abstraite qui nécessitent une approche différente en termes de composition et de mise en valeur.
Gérer la lumière et les ombres
La lumière et les ombres peuvent faire ou défaire une photographie d’architecture. En jouant avec ces paramètres, vous pouvez souligner les formes, mettre en valeur les textures, créer des lignes et renforcer la dynamique des images. Les ombres peuvent être utilisées pour créer un effet dramatique, en particulier lorsqu’elles sont utilisées pour accentuer les contours des bâtiments. Par exemple, l’architecte espagnol Santiago Calatrava utilise souvent des matériaux de différents coloris pour créer des lignes d’ombre afin de souligner la forme de ses structures. Les images de ses bâtiments sont ainsi très graphiques.
La lumière peut quant à elle être utilisée pour mettre en valeur les textures et les détails des bâtiments. Par exemple, en photographiant un bâtiment avec une lumière rasante, vous pouvez mettre en évidence les textures et les motifs des matériaux qui le composent. Les photographes d’architecture Julius Shulman et Ezra Stoller étaient des maîtres dans l’utilisation de la lumière pour mettre en valeur les bâtiments modernes du 20e siècle, en particulier ceux en acier et en verre.
Choisir l’heure de la journée
Étant donné que la lumière a un impact majeur sur l’aspect esthétique d’un bâtiment, il est important de prendre en compte l’heure de la journée pour planifier votre séance photo. Grâce à des outils comme Google Maps, vous pouvez étudier à l’avance l’emplacement du soleil selon l’heure de la journée et la date calendaire. Lorsque le soleil est derrière le bâtiment ou que vous travaillez dans de faibles conditions lumineuses, le monument sera affiché comme une silhouette, à moins de surexposer le ciel ou d’effectuer un bracketing d’exposition. Avec le soleil face au bâtiment, vous obtiendrez un éclairage plus uniforme, mais les détails et les textures des matériaux seront gommés. Enfin, une lumière latérale sera la plus efficace pour mettre en valeur les détails fins et le relief du bâtiment. En photographiant tôt le matin ou tard le soir, vous pourrez obtenir de longues ombres qui forment des lignes directrices et dynamisent l’image.
En fonction de l’heure de la journée, la qualité et la couleur de la lumière peuvent également varier. Par exemple, pendant l’heure dorée, qui est la période juste après le lever et avant le coucher du soleil, la lumière est plus chaude et plus douce. À l’inverse, la lumière de midi est souvent plus dure et plus froide, ce qui peut donner un aspect plus dur et angulaire au bâtiment. À cette heure, vous pouvez cependant obtenir un fort contraste entre le bâtiment et le ciel bleu. Il est donc judicieux de planifier la prise de vue en fonction de l’heure de la journée qui correspond le mieux à votre vision créative. Enfin, vous avez également la possibilité de photographier de nuit pour capturer le bâtiment sur un fond entièrement noir.
L’importance des lignes en architecture
Les lignes directrices sont tout aussi importantes que la lumière en photo d’architecture. Ces lignes peuvent être droites, courbes, verticales, horizontales ou diagonales. Elles sont des éléments clés de la composition pour donner de la profondeur, guider le regard du spectateur et modifier l’apparence du bâtiment. Les lignes verticales peuvent notamment donner une impression de hauteur et de grandeur à un bâtiment. Les lignes horizontales sont quant à elles essentielles pour donner une impression de stabilité et de calme. Vous devrez ainsi vous assurer de la planéité de ces lignes horizontales, sans quoi le bâtiment semblera pencher et la photo ne sera pas esthétique. Enfin, les diagonales peuvent ajouter de la dynamique à une image, notamment lorsqu’elles convergent vers un unique point de fuite, souvent le sommet de la structure. Les courbes plus rares en architecture apportent quant à elles un sentiment de mouvement et de fluidité. Elles facilitent la navigation du regard sur l’ensemble du cadre. Ces différentes lignes peuvent être trouvées naturellement dans les bâtiments, mais également formées par le contraste entre différents coloris ou entre la lumière et les ombres.
Choisir le bon angle de vue
Avant de choisir votre angle de vue, il est important d’analyser le bâtiment que vous souhaitez photographier. Prenez le temps d’étudier ses lignes, ses formes et ses proportions. Essayez de déterminer le point de vue qui mettra le mieux en valeur les caractéristiques de la structure. La hauteur à laquelle vous prenez la photo a notamment une grande importance. Si vous voulez mettre en valeur la taille d’un bâtiment, vous pouvez photographier depuis le niveau du sol avec un objectif grand angle pour donner l’impression que le bâtiment est encore plus haut. Cela va renforcer la perspective et les lignes diagonales. À l’inverse, vous pouvez photographier le bâtiment de face pour limiter la distorsion et créer une image plus droite.
L’environnement dans lequel se trouve le bâtiment peut également influencer le choix de l’angle de vue. Si le bâtiment est entouré d’arbres ou d’un jardin aménagé, vous pouvez choisir un angle de vue plus large pour montrer comment la structure s’intègre dans l’environnement naturel. En pleine ville, il sera parfois nécessaire de resserrer le cadre pour isoler et détacher plus efficacement le bâtiment du reste de l’image. Enfin, il est important d’expérimenter avec différents angles de vue pour trouver celui qui convient le mieux au bâtiment.
Quel objectif pour la photo d’architecture ?
Le choix de l’objectif pour la photographie d’architecture a également son importance, car il détermine la perspective et la composition de l’image. Les objectifs grand angle sont largement utilisés en photographie d’architecture. Ils permettent de capturer l’entièreté du bâtiment sans avoir besoin de beaucoup de recul. Les objectifs 16-35 mm comme les Sony 16-35 mm f/2,8 GM, Canon EF 16-35 mm f/4 L, Canon RF 15-35 mm f/2,8 L ou encore Nikon AF-S 16-35 mm f/4 G sont les plus plébiscités grâce à leur polyvalence. Ils offrent une focale suffisamment large pour photographier des bâtiments dans des espaces exigus, tout en offrant une focale supérieure de 35 mm pour limiter la distorsion. Celle-ci peut en effet être très présente avec les focales inférieures, surtout si vous prenez des photos à proximité d’un bâtiment. Les lignes droites peuvent alors sembler se courber.
Pour conserver des lignes droites, il est essentiel de laisser de la distance entre votre appareil et le bâtiment. Lorsque cela n’est pas possible, vous pouvez utiliser un objectif à décentrement, également appelé objectif tilt-shift. Ces derniers sont très populaires en photographie d’architecture, car ils permettent de corriger la perspective et les distorsions. Pour ce faire, ils présentent des lentilles pouvant s’incliner par rapport à l’axe du capteur de l’appareil photo. Cette capacité permet de compenser efficacement les déformations pour éviter que la perspective ne paraisse trop exagérée. Elle peut également s’utiliser pour profiter d’une profondeur de champ étendue, même avec une grande ouverture. Les objectifs à bascule sont cependant plus complexes et plus longs à utiliser. Si vous souhaitez tenter l’expérience, nous vous recommandons les Laowa 15 mm F4.5 Zero-D et Samyang S 24mm ED AS UMC.
Pourquoi utiliser un filtre polarisant ?
Les filtres polarisants sont des accessoires indispensables en photo d’architecture. Ils peuvent aider à éliminer les reflets indésirables sur les surfaces des bâtiments tels que les vitres et les miroirs. Vous pouvez ainsi obtenir des images plus nettes et supprimer facilement les reflets distrayants. Un filtre polarisant peut également augmenter la saturation des couleurs de votre image. Cela est particulièrement utile en photographie d’architecture, où les couleurs des matériaux de construction peuvent parfois sembler fades ou ternes. Cette saturation se retrouve aussi dans le bleu du ciel qui devient plus profond. La photo gagne ainsi en contraste et en saturation. Veillez cependant à utiliser un filtre de qualité comme le Hoya Pro1D pour préserver les détails de l’image.
Le trépied est-il indispensable ?
Les détails sont très importants en photographie d’architecture, ce qui signifie que votre photo doit être la plus nette possible. L’utilisation d’un trépied permet ainsi de stabiliser l’appareil photo pour éviter le flou de bougé. Cela est d’autant plus important lorsque la vitesse d’obturation est lente, comme lorsque vous photographiez un bâtiment de nuit ou sous de faibles conditions lumineuses. L’utilisation d’un trépied vous permet également de composer votre image avec précision. Cela vous donne plus de temps pour vous concentrer sur les détails et l’agencement du cadre.
Quel droit d’auteur en photo d’architecture ?
Le droit d’auteur est un sujet important en photographie d’architecture, car il concerne la protection des œuvres créées par les architectes et la capture de ces œuvres par les photographes. En France, le droit d’auteur est régi par le Code de la propriété intellectuelle. Cela signifie que la reproduction ou la diffusion d’une photographie d’architecture peut nécessiter l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit. Seules exceptions, les œuvres tombées dans le domaine public, soit 70 ans après le décès de l’architecte. Il existe cependant quelques subtilités. Par exemple, la Tour Eiffel en elle-même est dans le domaine public. Vous pouvez donc utiliser et commercialiser son image. En revanche, depuis 1985, l’éclairage de la Tour Eiffel est considéré comme une œuvre à part entière, protégée par le droit d’auteur. Ainsi, la photographie de la tour illuminée la nuit peut être considérée comme une œuvre dérivée, soumise aux droits de l’auteur de l’éclairage.
La photographie d’architecture : en résumé
Photographier de l’architecture nécessite à la fois des compétences techniques et artistiques. Vous devez maîtriser les réglages de l’appareil photo, mais également comprendre les subtilités de la composition et de la gestion de la lumière. Malgré les défis que cela peut représenter, la photographie d’architecture est une discipline fascinante qui permet de capturer la beauté et la grandeur de notre environnement bâti. Pour vous initier à cet art et entraîner votre œil, nous vous invitons à découvrir les œuvres des grands maîtres, notamment de Julius Shulman qui est connu pour sa capacité à capturer l’essence de l’architecture moderniste de la Californie du Sud. Vous pouvez découvrir son travail à travers l’ouvrage Shulman: Modernism Rediscovered qui est une véritable référence dans le domaine.
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