L’éthique du photographe animalier
La photographie animalière séduit de plus en plus de photographes amateurs comme professionnels qui prennent plaisir à immortaliser la beauté et la diversité du monde sauvage. Toutefois, il est essentiel de prendre en compte l’éthique et le respect des animaux que nous immortalisons. Cet article a pour but de sensibiliser à l’importance d’adopter des pratiques responsables pour préserver la tranquillité des animaux sauvages et minimiser notre impact sur leur habitat. En adoptant une démarche respectueuse, nous pouvons contribuer à la protection de la faune tout en capturant des images exceptionnelles.
Connaître l’espèce et son habitat
Pour être un photographe animalier responsable et éthique, il est essentiel de bien connaître l’espèce que l’on souhaite photographier et son habitat. Ce savoir-faire permet de minimiser les perturbations pour les animaux et d’optimiser les chances de réussir des clichés exceptionnels tout en respectant leur environnement. Avant de partir en quête de clichés, il est ainsi important de vous renseigner sur l’espèce que vous souhaitez photographier et son habitat. Apprenez-en davantage sur les modes de vie, les habitudes alimentaires, les schémas de reproduction et les zones d’habitat spécifiques. Cette connaissance vous permettra de vous préparer au mieux pour votre séance photo et d’anticiper les comportements de l’animal. De plus, en connaissant les zones de nidification, les sites de repos et les voies de migration, vous pourrez éviter de perturber ces espaces sensibles.
Il existe plusieurs sources d’information pour en apprendre davantage sur les espèces et leur habitat. Les guides de terrain, les ouvrages spécialisés, les documentaires, les sites web dédiés à la faune, les conférences et les ateliers sont autant de ressources à exploiter pour enrichir vos connaissances. N’hésitez pas non plus à consulter des experts, comme des naturalistes, des biologistes de la conservation ou des photographes animaliers expérimentés, qui pourront vous donner des conseils précieux et vous aider à mieux comprendre les animaux et leur environnement.
Éviter les périodes sensibles
Certaines périodes de la vie des animaux sont plus délicates et sensibles que d’autres. La période de nidification est un moment crucial pour les oiseaux ou certains mammifères, comme les écureuils. Durant cette période, les animaux sont particulièrement vulnérables, car ils consacrent beaucoup d’énergie à la construction de leur nid et à la protection des œufs ou des petits. Les déranger peut entraîner l’abandon du nid, la prédation des œufs ou la mort des petits. Il est donc primordial de respecter cette période en évitant de perturber les animaux et en maintenant une distance suffisante pour ne pas menacer leur sécurité ou idéalement de reporter la séance photo.
Les chants de parade, les combats et les manifestations territoriales sont autant de signaux que les animaux donnent pour vous indiquer qu’ils sont en train de se reproduire. Si vous observez ces comportements, il est préférable de laisser les animaux tranquilles. La période de dépendance juvénile est aussi une étape critique pour de nombreuses espèces. Durant cette période qui peut varier selon les espèces et les régions, les parents sont extrêmement occupés à nourrir et protéger leur progéniture, tandis que les jeunes sont encore incapables de se protéger efficacement contre les dangers. Interrompre cette phase sensible peut entraîner du stress pour les parents, réduire les chances de reproduction et mettre en péril la survie des jeunes.
Les animaux peuvent être très agressifs pendant cette période, ce qui peut vous mettre en danger et entraîner un stress chez les animaux. Il est donc recommandé de rester le plus loin possible des zones d’habitat. Quelques animaux comme les renards sont un peu moins craintifs s’ils sont habitués à votre présence depuis longtemps et qu’ils ont acquis une confiance en vous.
La migration est une autre période sensible à éviter si vous souhaitez photographier les animaux de manière éthique. Les animaux migrateurs sont souvent très vulnérables lorsqu’ils traversent des zones urbaines ou des zones densément peuplées. Les perturbations, le bruit et la pollution peuvent perturber l’itinéraire de migration et les empêcher d’atteindre leur destination. Il est donc important de les observer de loin et de ne pas les effrayer ou les déranger. Ils doivent pouvoir se reposer suffisamment longtemps pour reprendre la route avec un peu de chance d’arriver en vie à destination.
Enfin, l’hibernation est une période sensible à prendre en compte si vous souhaitez photographier des animaux tels que les ours et les marmottes. Pendant cette période, les animaux entrent dans un état de torpeur qui leur permet de survivre aux mois d’hiver difficiles. Les animaux peuvent être très vulnérables, car leur température corporelle baisse et leur métabolisme ralentit considérablement. Si vous dérangez un animal pendant l’hibernation, cela peut perturber son cycle de sommeil et entraîner une utilisation inutile de ses réserves énergétiques déjà très limitées.
Savoir quand vous êtes repéré par les animaux
Les animaux sauvages sont souvent très méfiants envers les humains, car ils peuvent être considérés comme des prédateurs potentiels. Savoir quand vous êtes repéré par les animaux est donc essentiel pour être un photographe animalier responsable. Cette prise de conscience vous permettra d’évaluer si vous êtes trop près et si votre présence perturbe l’animal, afin d’adapter votre comportement en conséquence.
Les animaux peuvent utiliser leur vue, leur odorat et leur ouïe pour détecter les humains. Ils peuvent repérer votre silhouette, sentir votre odeur ou entendre vos mouvements. Si l’animal adopte une posture tendue, prête à fuir ou à se défendre, cela peut indiquer qu’il se sent menacé par votre présence. Il vous fixera ou tournera alors fréquemment la tête dans votre direction pour vous surveiller. Les animaux autour de vous peuvent également devenir soudainement silencieux s’ils deviennent conscients de votre présence ou d’un autre danger. À l’inverse, certaines espèces peuvent émettre des cris ou des grognements spécifiques pour signaler un danger à leurs congénères. Enfin, certains animaux ont un odorat très développé et peuvent détecter la présence humaine, même avec le meilleur des camouflages. Si un animal semble renifler l’air et change soudainement de comportement, cela peut indiquer qu’il vous a repéré.
Lorsque vous réalisez que vous avez été repéré par un animal, il est important d’adapter votre comportement pour minimiser les perturbations. Tenez compte de la distance entre vous et l’animal, de son comportement et de la situation environnementale pour déterminer si vous êtes trop près et si vous devez vous éloigner. Si l’animal semble perturbé, attendez qu’il se calme et reprenne son comportement normal avant de poursuivre la séance photo. Si vous devez vous éloigner, faites-le lentement et discrètement pour éviter de provoquer une réaction de fuite ou de défense chez l’animal.
Bien installer son affût
Il n’est pas indispensable d’installer un affût pour photographier les animaux sauvages, mais cela maximise vos chances de vous faire discret et ainsi de ne pas perturber la faune. Pour ce faire, il est tout d’abord essentiel de trouver l’emplacement idéal pour l’installer. Celui-ci doit être ni trop près ni trop loin des zones fréquentées par les animaux. Tenez compte de la direction du vent pour éviter que votre odeur n’alerte les animaux à l’odorat développé. Dans cette même idée, il est important d’éviter de porter des parfums ou des odeurs fortes. Essayez d’utiliser des produits sans parfum et limitez les excès de lessive sur vos habits. Évitez également les produits alimentaires ou les boissons odorantes.
Lorsque vous vous déplacez pour aller ou sortir de votre affût, essayez de le faire lentement et de manière fluide, sans faire de mouvements brusques ou de bruits forts. Marchez avec précaution en évitant les branches et les feuilles qui pourraient trahir votre présence. Choisissez des vêtements de couleurs neutres qui se fondent dans l’environnement naturel dans lequel vous vous trouvez. Évitez les vêtements colorés ou flashy qui peuvent attirer l’attention des animaux et les effrayer. Les vêtements de camouflage sont également une bonne option pour vous fondre dans l’environnement naturel, même s’ils ne sont pas infaillibles.
Observer et photographier à distance
Photographier les animaux à distance permet non seulement d’être respectueux de leur espace et de leur bien-être, mais également de capturer des images plus naturelles et authentiques. Investir dans du matériel adapté est donc crucial pour capturer des images de haute qualité à distance. Pour ce faire, vous aurez besoin d’un téléobjectif de minimum 300 mm, même si vous aurez plus de facilité avec une focale comprise entre 400 et 600 mm. À ce titre, nous vous recommandons les objectifs Sigma 150-600 mm F5-6.3 DG OS HSM, Fujifilm XF100-400mm f/4.5-5.6 R LM OIS WR et Sony FE 200-600mm f/5.6-6.3 G OSS qui sont parfaits. Vous pouvez les coupler à des téléconvertisseurs pour étendre encore plus la portée. Utilisez un trépied ou un monopode pour stabiliser votre appareil photo, surtout lors de l’utilisation de longues focales.
Pour le repérage, vous pouvez envisager l’installation d’un piège photographique comme le Coolife H881 pour capturer des images d’animaux sans être physiquement présent. Vous pourrez ainsi connaître leurs habitudes et bien savoir où installer votre affût. Enfin, vous pouvez utiliser une longue-vue comme la Celestron Ultima 100 ou une paire de jumelles comme les Nikon A211 8×42 pour repérer les animaux à distance et identifier les meilleures occasions de les photographier.
La patience et l’anticipation
La patience et l’anticipation sont des atouts essentiels du photographe animalier éthique. Les animaux ont leur propre rythme et ne se comportent pas toujours comme on le souhaite. Être patient vous permet de respecter leur rythme et de saisir des moments uniques sans les perturber. Attendez que les animaux se rapprochent naturellement de vous, plutôt que de vous approcher de trop près, au risque de les stresser et de les faire fuir. Il est important de se rappeler que la patience n’est pas seulement une question de temps, mais aussi de mentalité. La patience vous permet de vous concentrer sur l’instant présent, d’apprécier votre environnement et de bien réfléchir à la manière de prendre en photo le sujet. Cela vous permettra de réaliser des images mieux construites et plus créatives.
L’anticipation est une autre qualité pour photographier les animaux sauvages. En anticipant le comportement des animaux, vous pourrez être prêt à prendre des photos dès que l’opportunité se présentera. Pour une bonne anticipation, vous devez connaître le sujet à photographier. Chaque espèce animale a des modes de vie et des habitudes alimentaires qui lui sont propres. Certaines espèces sont nocturnes, d’autres diurnes, et certaines sont actives à l’aube ou au crépuscule. Connaître le moment de la journée où l’espèce est la plus active vous aidera à planifier vos séances photo de manière optimale. De même, savoir quel est le régime alimentaire des animaux vous permettra de mieux comprendre leurs déplacements et leurs zones d’activités.
Ne pas appâter les animaux
Appâter les animaux pour les photographier peut sembler être une solution facile pour obtenir de belles images. Cependant, cette pratique peut avoir des conséquences sur le bien-être des animaux et sur l’environnement tout entier. Les animaux peuvent devenir dépendants des appâts fournis par les humains, ce qui les rend moins aptes à chercher leur propre nourriture et peut les mettre en danger. L’appâtage peut également modifier les comportements naturels des animaux, les rendant moins craintifs vis-à-vis des humains et plus susceptibles de s’approcher des zones habitées. De plus, les appâts utilisés peuvent être inadaptés aux besoins nutritionnels des animaux, entraînant des carences ou des problèmes de santé. Cela peut perturber l’équilibre écologique en favorisant certaines espèces au détriment d’autres.
Le rôle du photographe animalier
En plus de sa passion pour la photo et les animaux, le photographe animalier peut être chargé d’un rôle important dans la conservation de la faune et de la flore. Grâce à ses images, il peut sensibiliser le public aux enjeux environnementaux et contribuer à la préservation des espèces et de leurs habitats. Les photographies peuvent mettre en lumière des espèces rares ou menacées et inciter le public à se préoccuper davantage de la conservation de la faune et de la flore. Le photographe animalier peut révéler les conséquences du changement climatique, de la déforestation, de la pollution ou du braconnage sur les animaux et leurs habitats. Les photographes animaliers peuvent également soutenir les efforts de recherche et de conservation en fournissant des données visuelles aux chercheurs et aux organisations de conservation.
Vers une photographie animalière respectueuse
Les photographes animaliers doivent s’efforcer de minimiser leur impact sur les animaux et leur environnement en adoptant des techniques d’approche discrète, en respectant les réglementations locales et en évitant de perturber les habitats naturels. En adoptant des pratiques éthiques et responsables, en apprenant à mieux comprendre et à respecter les animaux et en utilisant leur travail pour sensibiliser le public aux enjeux de la conservation, les photographes animaliers peuvent contribuer de manière significative à la préservation de notre précieuse biodiversité.
Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à vous abonner à la newsletter pour être informé lors de la publication des prochains sujets et pour recevoir gratuitement votre livre photo.