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Les 9 finalistes des Nikon Emerging Photographer Award 2024

Nikon, en partenariat avec Photo London, a récemment dévoilé la liste des neuf photographes présélectionnés pour le prestigieux Nikon Emerging Photographer Award 2024. Lancé en 2015, ce programme vise à mettre en avant et à développer la carrière de jeunes photographes émergents en leur offrant l’espace pour montrer leurs derniers projets. Le lauréat sera révélé lors d’une cérémonie exclusive qui se tiendra à la Galerie Nikon le 15 mai. En attendant, découvrez les artistes en lice. 

Aisha Seriki (Doyle Wham)

Née en 1998, Aisha Olamide Seriki est une artiste multidisciplinaire nigériane résidant à Londres. Elle se spécialise dans la photographie d’art et la sculpture. Seriki crée à partir d’un ensemble d’histoires personnelles qui intègrent les réalités contemporaines. Sa démarche artistique, à la fois holistique et incarnée, remet en question les conventions de la photographie traditionnelle.

Son projet, Orí Inú, déjà récompensé par plusieurs prix photographiques, puise dans la philosophie métaphysique yoruba de l’« Orí », qui signifie la tête et symbolise le destin spirituel individuel. En utilisant la calebasse comme métaphore, Orí Inú illustre les efforts de l’artiste pour réconcilier son esprit conscient et son moi intérieur. Ce travail souligne que se reconnecter avec son esprit est un processus continu essentiel à l’expérience humaine.


Ali Tahayori (Roya Khadjavi Projects/ Nemazee Fine Art)

Originaire de Shiraz en Iran, Ali Tahayori réside et travaille désormais à Sydney. Ayant grandi dans le contexte homophobe et oppressif de l’Iran des années 1980, Tahayori a endossé une identité d’étranger, renforcée par son déménagement en Australie en 2007. Son travail interdisciplinaire englobe la photographie conceptuelle, la vidéo et le montage.

Dans son œuvre, Tahayori utilise des archives, des éléments narratifs et des performances pour aborder les thèmes de l’identité, du chez-soi et de l’appartenance. Son projet « Archive of Longing » capte des instants de vulnérabilité, d’amour et d’appartenance à travers des archives familiales, découvrant des détails souvent invisibles au photographe et aux sujets photographiés. Les photos de famille sont recadrées, agrandies, retouchées numériquement, puis imprimées sur du verre. Ce dernier est ensuite brisé et recomposé en reliefs sculpturaux 3D à partir des originaux 2D. Dans ce processus, le personnel devient universel à travers l’abstraction, la fragmentation et la distorsion introduites par le verre brisé. 

Utiliser du verre plutôt que du papier pour supporter et révéler l’image évoque les négatifs sur plaque humide de l’histoire de la photographie, qui offraient au XIXe siècle une image plus nette, stable et détaillée. Le verre brisé complique le regard du spectateur, interprétant l’histoire et la mémoire à travers une perspective diasporique, en quête de reflets d’intimité, de désir et d’homosexualité dans un album familial hérité.


Caroline Tompkins (Palm* Studios)

Caroline Tompkins, diplômée de la School of Visual Arts de New York avec un BFA en photographie, a vu son travail exposé tant au niveau national qu’international, avec des présentations sur des plateformes telles que la BBC, Vogue et le New York Times. Elle a également occupé le poste de rédactrice photo chez Bloomberg Businessweek, Vice Magazine et New York Magazine.

Son projet « Bedfellow » explore les liens profonds entre les femmes, le sexe et la peur. À travers cette série photographique, Caroline Tompkins sonde la vulnérabilité fondamentale et les dynamiques de pouvoir qui se cachent derrière les constructions de genre. Bien que le sexe puisse être une expérience enrichissante durant toute une vie, il est aussi associé pour les femmes au fardeau de la violence, souvent exercée par des hommes en quête de domination. La série aborde les dichotomies entre douceur et dureté, désir et violence, ainsi que paradis et enfer, des thèmes qui reviennent constamment. Elle met en lumière la normalisation de cette violence dans le quotidien, illustrée par les précautions que les femmes sont encouragées à prendre, telles que les sprays au poivre, la consommation modérée d’alcool et le fait de toujours informer leurs amis de leur localisation. Ces précautions reflètent les attentes sociétales qui veulent que les femmes s’engagent dans des relations stables avec des hommes et fondent une famille. Ces contradictions amènent à s’interroger sur l’influence de la peur sur le désir féminin. L’expérience personnelle de Tompkins, en tant que femme qui ressent à la fois désir et crainte vis-à-vis des hommes, la pousse à adopter un « regard féminin » hétérosexuel pour contester l’objectivation des femmes dans l’art occidental.


Charlie Tallott (New Dimension)

Charlie Tallott, photographe originaire de Leeds, au Royaume-Uni, explore à travers son objectif les répercussions sociales et psychologiques profondes de la désindustrialisation. Sa spécialité est la photographie d’intérieurs de structures tombées en désuétude avec le déclin industriel, comme les clubs sociaux, les maisons de commerçants, et les paysages jadis vivants mais aujourd’hui abandonnés. Ses images captent de manière émouvante la perte de sens au sein des communautés affectées.

Son projet intitulé « Au moins jusqu’à ce que le monde cesse de tourner » est né dans le sillage d’une tentative de suicide. Cette série d’œuvres sert de contrepoids euphorique à cette période sombre de sa vie. Les images lumineuses et saturées ouvrent des fenêtres sur des scènes joyeuses, tandis que les photographies en noir et blanc disséminées à travers la série capturent des moments de solitude et de réflexion. Tallott décrit la photographie comme une évasion : « Lorsque vous atteignez un creux profond, la photographie peut devenir un moyen de s’échapper. Vos yeux peuvent s’évader vers un autre monde, un monde différent. »


Inês d’Orey (Salgadeiras Arte Contemporânea)

Inês d’Orey, née en 1977 à Porto concentre une grande partie de son œuvre artistique sur l’évolution de l’identité patrimoniale des villes contemporaines. Dans ses travaux, les structures architecturales deviennent des vecteurs de mémoire, leurs significations évoluant avec le temps. Elle s’intéresse à des thèmes comme la dynamique entre les espaces publics et privés, l’étude approfondie des lieux et de leurs contextes sociaux. Bien que la photographie soit son principal moyen d’expression, son art s’étend également à la vidéo. Inês d’Orey est représentée par la Galerie d’Art Contemporain Salgadeiras à Lisbonne et la Galerie Presença à Porto.

Les caissons lumineux créés par Inês d’Orey abordent la peau non seulement comme une « empreinte », mais aussi comme un espace à explorer. Ces œuvres semblent suspendre le temps dans des espaces en transformation, capturant une « patine » qui cristallise des moments où la présence humaine est temporairement absente. Ainsi, elle révèle que ces lieux, bien qu’apparemment vides, sont en réalité imprégnés d’histoires, habités et parcourus, redéfinissant ainsi l’histoire en mouvement.


Johnny Mae Hauser (Homecoming Gallery)

Johnny Mae Hauser, artiste d’origine néerlando-allemande, est renommée pour ses compositions abstraites qui utilisent des palettes de couleurs richement nuancées, élargissant ainsi les horizons de la photographie. Chaque œuvre reflète l’évolution de la mémoire émotionnelle à travers une approche à la fois sensible et colorée. Son art incite les spectateurs à s’engager dans une introspection, redirigeant leur attention du visible vers l’invisible ; explorant les sentiments et les expériences.

Johnny Mae Hauser dévoilera une nouvelle collection tirée de sa série en cours, Bildnis, lors d’une prochaine exposition. « Bildnis », un terme allemand pour les portraits et autoportraits, est un projet qui a vu le jour en janvier 2021 dans le cadre d’une réflexion sur l’identité personnelle pendant une période de transition significative de sa vie. « La série a débuté en tant qu’expression de mon évolution émotionnelle vis-à-vis de certains objets personnels, et s’est développée pour aborder des notions d’impermanence plus globales. Mon objectif n’est pas de dépeindre une réalité ; les objets servent plutôt de catalyseurs pour pousser les spectateurs à explorer et réfléchir au-delà d’une vérité unique. »


Isabelle Young (Galerie Fabian Lang)

Isabelle Young, née en 1989 à Londres, a obtenu une maîtrise en photographie du Royal College of Art de Londres en 2022. Sa récente exposition solo, « Isabelle Young : In Camera », à la Galerie Fabian Lang en Suisse en 2022, mettait en lumière diverses séries axées sur l’architecture. De plus, la galerie a exposé ses œuvres à la Felix Art Fair de Los Angeles en 2023. 

Young combine un sens précis du détail et de la perspective avec une narration poétique. Ses œuvres, souvent marquées par des thèmes d’ombre et d’absence, capturent des histoires encadrées par des architectures et des intérieurs captivants. « Les détails révèlent plus que les vues d’ensemble. Mes cadrages et compositions privilégient des moments de tranquillité. Je vois mon rôle similaire à celui d’un narrateur littéraire peu fiable, presque divin, dans l’univers que je crée. Mes photos, tout comme ce narrateur, peuvent sembler omniscientes, mais elles ne révèlent pas tout. »

À Photo London, la Galerie Fabian Lang présentera une sélection d’œuvres de Young couvrant de 2017 à 2024, dont plusieurs inédites. Cela inclut des pièces de sa dernière série « Sicily » de 2024, ainsi que des œuvres de sa série « Stills », qui bien qu’elles se concentrent sur l’architecture italienne, s’inspirent du cinéma néoréaliste.


Lise Johansson (IN THE GALLERY)

Lise Johansson est une artiste visuelle et photographe établie à Copenhague. Ayant vécu à Paris et voyagé intensivement à travers le monde, notamment en Russie, au Japon, en Mongolie, et en Chine, ses expériences à l’étranger ont profondément influencé son œuvre.

La démarche artistique de Johansson vise à évoquer une réalité altérée, se situant à la frontière entre le conscient et l’inconscient. Ses travaux explorent les thèmes de l’identité et de l’appartenance à travers des images qui transforment souvent les paysages et les espaces architecturaux en miniatures. Ces éléments servent de base à un processus de post-production en studio où diverses composantes photographiques sont fusionnées pour créer des compositions finales. Ces œuvres, évoquant des mondes de rêves, d’émotions, d’associations et de désirs, nous invitent à réfléchir à la manière dont nous percevons autrui et notre environnement, ainsi qu’à notre connexion avec notre propre esprit et ses multiples facettes.


Sander Coers (Open Doors Gallery)

Sander Coers est un artiste photographe basé à Rotterdam. Son œuvre, qui a été exposée dans diverses galeries et musées tant nationaux qu’internationaux, fait partie des collections du musée Preus, de la Rabobank et du ministère néerlandais des Affaires étrangères. Coers explore les frontières entre documentaire et fiction avec une sensibilité particulière, cherchant à offrir de nouvelles perspectives sur la masculinité à travers la visualisation, la réinterprétation et la déconstruction de souvenirs dans des univers mélancoliques et fortement romantiques dotés d’une qualité cinématographique.

Sa dernière série, POST, se penche sur l’intersection entre les souvenirs artificiels et les perceptions de la masculinité dans la culture visuelle, en utilisant des images générées par intelligence artificielle. Ce projet vise à explorer le rôle de la photographie dans la formation de nos perceptions du passé tout en questionnant son authenticité à l’ère numérique, où les souvenirs peuvent être façonnés et manipulés. Coers déclare : « J’ai entraîné une IA pour élargir le récit familial à partir des albums photos de mes grands-parents, qui couvrent de 1940 à 1990. Les images produites par l’IA reprennent des éléments semblables à ceux des albums de mes grands-parents, comme les paysages, les vêtements et les couleurs de ces époques, mais tout est entièrement fabriqué. »


Les œuvres des photographes présélectionnés seront mises à l’honneur lors de l’exposition à Photo London, débutant le 15 mai. Pour découvrir les horaires de visite et obtenir plus de détails sur l’exposition, nous vous invitons à consulter le site Web de Photo London.

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