Matériel photo

Qu’est-ce qu’un objectif anamorphique et comment l’utiliser ?

Un objectif anamorphique permet de produire des images et des vidéos avec un effet de distorsion distinctif. Ces objectifs utilisent des lentilles spécifiques pour créer des images plus larges que celles que produirait un objectif standard. Dans ce guide, nous allons voir qu’est-ce qu’un objectif anamorphique, son rendu et comment l’utiliser efficacement.

Qu’est-ce qu’un objectif anamorphique ? 

Alors que les objectifs classiques sont conçus pour minimiser la distorsion, un objectif anamorphique utilise un prisme anamorphique (également appelé prisme anamorphoseur) pour concentrer les rayons lumineux en un point focal et les dévier afin de distordre l’image capturée. Contrairement à un objectif fisheye qui déforme aussi la scène, l’objectif anamorphique maintient les lignes verticales parfaitement droites. En revanche, il étire horizontalement l’image, ce qui permet de capturer une scène plus large que celle que produirait un objectif standard. On obtient alors un ratio d’aspect qui est généralement de 2,39:1 ou de 2,35:1. 

Un objectif anamorphique (ici le Sirui 75mm T2.9 1.6X) permet de capturer une scène plus étendue que les limites physiques du capteur de la caméra ou de l’appareil. 

Pourquoi utiliser un objectif anamorphique ? 

Le but premier d’un objectif anamorphique est de capturer une image plus large que les limites physiques du capteur de la caméra ou de l’appareil photo associé. Par exemple, lors de la prise de vue d’un objectif anamorphique de 50 mm, le champ vertical serait comparable à celui d’une lentille sphérique de 50 mm, mais le champ horizontal serait beaucoup plus large. En règle générale, il est deux fois plus large que le champ vertical, mais cela dépend de l’objectif que vous utilisez. Pour ce faire, l’objectif anamorphique compresse l’image projetée sur le capteur afin de maximiser les informations. De nombreux autres avantages découlent également de cette perspective unique. 

L’objectif anamorphique Sirui 50 mm T2,9 possède un facteur de compression de 1,6x. Lorsque vous prenez des photos avec un capteur au format 3:2, vous obtiendrez un rapport d’aspect de 2.4:1. Lorsque le capteur est réglé à 16:9, vous finissez par un rapport d’aspect 2.8:1 beaucoup plus large.

L’image obtenue avec un objectif anamorphique est comparable à une feuille de papier légèrement pliée. Toutes les informations sont là, mais il est nécessaire de retendre la scène pour retrouver un affichage correct. Autrefois, cela se faisait en projetant le film à travers un projecteur doté d’une lentille anamorphique. Aujourd’hui, cela s’effectue généralement par le biais d’un logiciel de post-traitement. La quantité de compression que l’objectif applique à l’image est généralement indiquée par un facteur de multiplication, comme 1,33x, 1,6x ou 2x, référence à la proportion de décompression nécessaire pour rendre l’image visible.

Une photo ou une vidéo réalisée avec un objectif anamorphique est compressée. Il est nécessaire de la décompresser en post-production pour retrouver un rendu naturel et étendre la largeur de l’image. 

L’impact de l’objectif anamorphique sur le flare 

Le flare est un phénomène optique qui se produit lorsque des rayons lumineux sont réfléchis à l’intérieur de l’objectif et créent des images fantômes ou des halos lumineux sur l’image capturée. Les objectifs anamorphiques ont souvent des lentilles plus grandes et plus complexes que les objectifs standards. Cela peut augmenter les risques d’obtenir des réflexions internes. De plus, les lentilles anamorphiques peuvent avoir des angles de vue plus larges, ce qui peut également renforcer le flare. 

Le flare produit avec un objectif anamorphique adopte une structure bien distincte de celui des objectifs classiques. Il se présente sous la forme de stries lumineuses horizontales qui se propagent à partir des sources de lumière de la scène. Ces reflets sont le plus souvent bleus, mais certains objectifs anamorphiques adoptent des traitements de surface pour produire des reflets de différentes couleurs. Ce type de flare est très populaire au cinéma et de nombreux cinéastes comme Steven Spielberg et Stephen Soderbergh en tirent avantage. L’effet est cependant moins percutant en photo et son usage est plus restreint. 

Exemple de flare obtenu avec un objectif anamorphique dans le film Super 8 mis en scène par J.J. Abrams et produit par Steven Speilberg. 

L’impact de l’objectif anamorphique sur le bokeh 

Un objectif anamorphique impact également le bokeh des images et vidéos. En effet, alors qu’un objectif traditionnel produit un bokeh circulaire sur les sources lumineuses en dehors de la zone de focalisation, l’objectif anamorphique va avoir une forme plus ovale, comme étirée verticalement. Cela est dû à la distorsion optique causée par la lentille anamorphique. Plus celle-ci dispose d’un facteur de compression important, plus le flare sera étiré et fin. De nombreux cinéastes professionnels ne jurent que par les objectifs anamorphiques pour cette raison. 

Un objectif anamorphique (ici le Sirui 135 mm T2,9 1,8x) étire verticalement le bokeh, qui devient alors ovale et non plus circulaire. 

L’impact de l’objectif anamorphique sur la profondeur de champ 

La profondeur de champ correspond à la distance entre les zones de l’image qui apparaissent nettes et celles qui sont floues. Elle est généralement plus faible lorsque vous utilisez un objectif anamorphique. En théorie, les objectifs anamorphiques et sphériques ont une profondeur de champ similaire, mais ils ont des effets différents en pratique. Étant donné qu’ils produisent une image plus étendue, vous devez vous approcher plus du sujet ou utiliser une focale supérieure pour obtenir le même grossissement sur le sujet. Cela engendre une profondeur de champ plus faible. Pour un même grossissement du sujet, les objectifs anamorphiques ont ainsi tendance à donner une profondeur de champ réduite en comparaison aux lentilles sphériques. Il est ainsi plus facile d’isoler le sujet du reste de l’image. 

En offrant un angle de vue étendu, un objectif anamorphique implique d’utiliser une focale supérieure ou de se rapprocher du sujet pour obtenir le même grossissement. Il en résulte une plus faible profondeur de champ. 

Comment utiliser un objectif anamorphique ? 

L’utilisation d’un objectif anamorphique peut sembler intimidante pour un débutant, mais cela s’avère en réalité assez simple une fois que vous avez compris les principes de base. Tout d’abord, vous devez prendre en considération le facteur de compression. Il détermine de combien l’image sera compressée et peut affecter le rendu final de votre photo. Les facteurs de compression les plus courants sont 1.33x, 1.5x et 2x. En fonction de celui-ci, vous devrez adapter la distance focale ou le cadre. Comme mentionné précédemment, pour obtenir un même angle de vue, il est nécessaire d’utiliser une distance focale plus longue avec un objectif anamorphique ou alors de vous approcher du sujet. Assurez-vous de tenir compte de cela lorsque vous planifierez vos prises de vue.

Vous devez prendre en considération la plus faible profondeur de champ pour adapter la focale ou votre positionnement. 

Pendant la prise de vue, il est conseillé d’utiliser un pare-soleil étant donné que ces optiques sont plus sensibles aux reflets. Enfin, les objectifs anamorphiques sont le plus souvent manuels, signifiant que vous devrez régler manuellement l’ouverture et la mise au point. Le reste de la prise de vue se déroule de la même manière qu’avec un objectif classique, excepté que la visée sera moins confortable et qu’il faudra plus d’imagination pour se représenter le résultat final. 

Si vous n’utilisez pas un moniteur externe qui décompresse en temps réel l’image, il faudra vous imaginer le rendu final. Ici, il s’agit d’une décompression de la photo non traitée affichée plus haut dans le guide. 

Comment décompresser une image anamorphique ? 

Il est ensuite indispensable de décompresser les images produites par l’objectif anamorphique pour qu’elles s’affichent correctement. Certaines caméras haut de gamme ou certains moniteurs peuvent directement décompresser les séquences, mais cela est rarement le cas des appareils photo grand public. Par conséquent, vous devrez décompresser manuellement à partir de votre logiciel d’édition habituel. Voici comment décompresser une image anamorphique dans Photoshop :

  1. Ouvrez votre photo dans Photoshop.
  2. Allez dans « Image > Taille de l’image » ou appuyez sur Alt + Ctrl + i (Option + Commande + i sur Mac).
  3. Désactivez l’option de verrouillage du ratio d’aspect pour séparer les champs hauteur et largeur.
  4. Si vous avez pris votre photo horizontalement, sélectionnez le champ « Largeur ». 
  5. Définissez l’unité en pourcentages et indiquez le taux de compression de l’objectif. Par exemple, 160% si l’objectif à un taux de 1,6x. 
  6. Cliquez sur OK et votre image sera maintenant décompressée.
Dans Photoshop, vous pouvez facilement décompresser une image anamorphique en multipliant par le taux de compression de l’objectif utilisé. 

Pour décompresser une vidéo anamorphique, la procédure peut varier selon le logiciel utilisé, mais reste généralement assez proche. Voici comment procéder dans Adobe Premiere :

  1. Importer votre vidéo dans Adobe Premiere.
  2. Sélectionnez la vidéo dans la timeline et allez dans « Effect Controls »
  3. Recherchez l’effet « Transform » ou « Distort » et ajoutez-le à votre vidéo.
  4. Dans les paramètres de l’effet, vous devriez avoir la possibilité de changer les paramètres de « Scale » ou « Distortion » pour ajuster le taux de compression de votre vidéo.
  5. Appliquez les changements et exportez votre vidéo décompressée.

Quel objectif anamorphique choisir ? 

Les objectifs anamorphiques sont généralement coûteux (parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros) et conçus pour les professionnels. Il existe quelques modèles d’entrée de gamme, mais les résultats sont généralement décevants, avec une mauvaise qualité d’image et de nombreux défauts optiques. Pour profiter du meilleur rapport qualité/prix, nous vous conseillons les objectifs de la marque Sirui. Ces derniers offrent de très bons résultats tout en conservant un tarif raisonnable. Pour la plupart des vidéastes et photographes, la gamme Sirui 1,6x sera la mieux adaptée. Elle comprend 4 modèles : les Sirui 35 mm 1,6x, Sirui 50 mm 1,6x, Sirui 75 mm 1,6x et Sirui 100 mm 1,6x, tous avec un rapport de compression de 1,6x. Ils sont conçus pour les appareils plein format Sony FE, Canon RF, Nikon Z et à monture L (Leica, Panasonic et Sigma). 

L’objectif Sirui 50 mm 1,6x est le plus populaire pour les appareils photo plein format Sony FE, Canon RF, Nikon Z et à monture L. 

Sirui dispose également d’une gamme complète pour les appareils photo APS-C et micro 4/3. Celle-ci se compose des modèles suivants : Sirui 24 mm 1,33x, Sirui 35 mm 1,33x, Sirui 50 mm 1,33x et Sirui 75 mm 1,33x. Ces différents modèles sont conçus pour les appareils Sony e, Canon EF-M, Nikon Z, Fujifilm-X et micro 4/3 pour Panasonic et Olympus, par exemple. Ils offrent un rapport de compression de 1,33x. 

L’objectif Sirui 35 mm 1,33x forme la solution au meilleur rapport qualité/prix pour profiter d’un rendu anamorphique avec un appareil APS-C ou micro 4/3. 

Les filtres anamorphiques 

Il existe d’autres alternatives pour découvrir certaines des possibilités offertes par les objectifs anamorphiques sans investir dans une optique coûteuse. La plus courante consiste à utiliser un filtre anamorphique, plus connu sous le nom de filtre Streak Blue. Un modèle comme le Freewell Blue Streak va permettre d’obtenir l’effet de flare bleu horizontal sur les points lumineux. Cependant, les autres éléments des objectifs anamorphiques comme l’angle de vue étendu, le bokeh étiré ou la profondeur de champ réduite sont impossibles à obtenir avec un filtre. 

Le filtre Freewell Blue Streak permet d’obtenir des bandes bleues sur les lumières de la scène. Il ne va cependant pas étendre l’angle de vue comme avec un véritable objectif anamorphique.

Conclusion

Les objectifs anamorphiques sont des outils puissants pour les photographes et les vidéastes. Ils permettent d’obtenir un angle de vue unique en modifiant la perception de l’échelle et en offrant la possibilité d’inclure plus d’éléments dans le cadre. Les nombreux éléments apportés par ces objectifs comme le flare horizontal ou le bokeh étendu permettent d’obtenir des scènes plus créatives et de différencier votre travail. 

Avez-vous déjà eu l’occasion d’utiliser un objectif anamorphique ou comptez-vous en utiliser un dans le futur pour vos projets photo ou vidéo ? Faites-le-nous savoir dans les commentaires ci-dessous. 

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2 réflexions sur “Qu’est-ce qu’un objectif anamorphique et comment l’utiliser ?

  • Robert Curbet

    Bonjour
    Quels sont les différences entre une photo prise avec un objectif anamorphique et une photo « panoramique », composée d’une série de plusieurs photos assemblées dans un logiciel de développement?
    Merci

    Répondre
  • Bonjour Robert,

    La prise Anamorphique capture/fige en une seule prise une scène panoramique alors qu’une fusion de photos nécéssite que la scène soit figée. Donc pour des sujets en mouvements ca va être compliqué de prendre plusieurs photos. En vidéo c’est carrement c’est impossible (du moins avec un seul boitier).

    Pour des photos de paysages une fusion de photo (au 50mm plutot qu’un grand angle par exemple) aura l’avantage d’augmenter la résolution finale. Je shoote avec un Sony A7r4 et quand je fais des paysages, je fusionne 3 photos avec des surfaces de recouvrement, j’arrive facilement à des photos panoramique de 150 MPIX ce qui est ideal pour faire des tirages.

    Répondre

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