Paysage

Comment faire un filé d’étoiles ou star trails ?

Le filé d’étoiles, également connu sous le nom de star trails, permet d’obtenir des images spectaculaires dans lesquelles les étoiles semblent se déplacer en cercle ou en de longues traînées lumineuses. Les traînées d’étoiles offrent une nouvelle dimension à vos photographies en y apportant un caractère irréel et surprenant. Pour ce faire, nous allons voir dans ce guide différentes techniques pour réaliser facilement un filé d’étoiles. 

Qu’est-ce qu’un filé d’étoiles ? 

Un star trails est une technique d’astrophotographie exploitant la rotation de la Terre pour transformer les étoiles en de longues traînées lumineuses. Elles semblent alors se déplacer dans le ciel en ligne droite ou en cercle. Contrairement à la photographie de la Voie lactée où la vitesse d’obturation est limitée pour conserver des étoiles parfaitement nettes, le filé d’étoiles implique des expositions ultra-longues, pouvant aller de quelques minutes à plusieurs heures. Plus l’exposition est longue, plus la traînée l’est aussi. 

Un filé d’étoiles ou star trails exploite la rotation de la Terre pour transformer les étoiles en de longues traînées rectilignes ou circulaires. 

Les différents types de filé d’étoiles 

Il existe deux principaux types de star trails : les filés d’étoiles rectilignes et les filés d’étoiles circulaires. L’obtention de ces effets dépend de la direction dans laquelle l’appareil photo est dirigé. 

Les filés d’étoiles circulaires 

Le startrails circulaire est le genre le plus populaire, avec pour effet de donner un mouvement circulaire aux traînées d’étoiles. On parle alors de traînées d’étoiles circumpolaires. Cet effet est obtenu en pointant votre appareil photo vers le pôle céleste sud ou le pôle céleste nord, selon l’endroit où vous vous trouvez sur le globe. 

Avec un star trails circulaire, les étoiles tournent autour du pôle céleste. 

Dans l’hémisphère nord de la Terre, il est ainsi nécessaire de viser l’étoile Polaire, soit Alpha Ursae Minoris. Il s’agit de l’étoile la plus brillante de la constellation de la Petite Ourse. Dans l’hémisphère sud, vous pouvez diriger votre appareil vers Sigma Octantis. Cette étoile est cependant peu lumineuse et difficilement visible à l’œil nu. Beta Hydri, de la constellation de l’Hydre mâle, forme ainsi une bien meilleure candidate, car sa magnitude la rend plus facilement perceptible. Bien évidemment, vous pouvez vous aider d’une application comme SkyWatch pour repérer ces étoiles. 

Dans l’hémisphère nord, il est nécessaire de viser l’étoile Polaire, soit Alpha Ursae Minoris pour obtenir un star trails circulaire. 

Les filés d’étoiles rectilignes 

Avec un filé rectiligne, les étoiles ne se déplacent plus de manière circulaire, mais tracent des lignes droites dans le ciel. Pour obtenir cet effet, il suffit d’orienter votre appareil vers l’est ou l’ouest. Photographier un filé d’étoiles rectilignes s’avère donc plus simple, car vous n’avez pas besoin de trouver l’étoile Polaire ou le pôle céleste sud. En revanche, le rendu varie légèrement en fonction de la direction de l’appareil : 

Appareil face à l’est : les traînées lumineuses apparaissent droit au milieu de l’image en se déplaçant en diagonale vers le haut, du centre inférieur au centre supérieur. Elles semblent légèrement converger en haut à gauche et en bas à droite sur les extrêmes bords du cadre. 

Appareil face à l’ouest : dans cette direction, le star trails se déplace vers la droite, de haut en bas dans une ligne diagonale. Les lignes convergent en bas à gauche et en haut à droite sur les bords les plus éloignés de l’image. 

Plus vous dirigez l’appareil vers l’est ou vers l’ouest, plus les traînées d’étoiles deviennent rectilignes. 

Préparer la séance photo 

Comme habituellement en astrophotographie, le secret d’une photo réussie se doit avant tout à une bonne préparation. Tout d’abord, vous devez prendre en considération la clarté du ciel. Pour ce faire, l’idéal est de travailler une nuit avec le moins de clair de lune possible. Le ciel sera ainsi plus profond, permettant d’afficher des étoiles plus brillantes, plus nombreuses et surtout de faciliter la prise de vue. Toujours pour maximiser le nombre d’étoiles, vous devez fuir la pollution lumineuse. Il est donc essentiel de vous éloigner des villes (au moins 30 km) et de vous rendre à la campagne où la pollution lumineuse y est beaucoup moins présente. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, vous pouvez optimiser la capture du ciel nocturne en utilisant un filtre anti-pollution lumineuse comme le Hoya Starscape Light Pollution ou le K&F Concept Night Filter Light Pollution. Enfin, vous devez également prendre en considération la couverture nuageuse. Celle-ci doit être la plus faible possible pour maximiser la visibilité et la netteté des étoiles. 

Un filtre anti-pollution lumineuse comme le Hoya Starscape Light Pollution facilite la réalisation d’un star trails dans un environnement urbain. 

Composer la photo 

Une fois les conditions optimales atteintes, vous pourrez vous rendre sur place pour photographier les étoiles. La première étape consiste à placer votre appareil photo sur un trépied et de l’orienter en fonction de l’effet désiré. Pour rappel, la direction vers laquelle vous pointez votre appareil photo affecte directement l’apparence de l’effet de filé. Orientez-le vers l’est ou l’ouest pour obtenir des traînées rectilignes ou vers le pôle céleste pour obtenir un effet circulaire. Ensuite, ajustez la composition pour rendre l’image plus esthétique et attrayante. Les plus belles photos de star trails incluent généralement des éléments au premier plan. Cela peut être un arbre, des bâtiments, un paysage ou tout autre sujet. Ces derniers vont apporter de la profondeur et créer un point d’intérêt dans la photo. 

Intégrer un premier plan dans l’image permet de créer un point d’intérêt et de renforcer votre composition. 

Régler l’appareil photo 

Pour photographier un filé d’étoiles, vous devez placer votre appareil en mode manuel. Celui-ci est indispensable pour conserver des paramètres d’exposition constants durant toute la séance photo. Les réglages à utiliser sont alors les mêmes que ceux évoqués dans le guide : les réglages pour la photo d’étoiles et de la Voie lactée. On va ainsi privilégier une ouverture aussi grande que possible pour maximiser la quantité de lumière pénétrant dans l’appareil. Par conséquent, l’utilisation d’un objectif très lumineux comme le Sigma 14mm f/1.8 ART ou le Tamron SP 15-30 mm f/2,8 Di VC USD forme une aide précieuse. 

Une grande ouverture est essentielle pour réaliser un filé d’étoiles. 

Concernant le réglage de la vitesse d’obturation, vous êtes plus libre qu’habituellement. En effet, vous n’êtes plus contraint de respecter la règle des 500 pour obtenir des images nettes en empêchant que la rotation de la Terre ne soit visible sur les étoiles. Au contraire, on veut démontrer ce mouvement avec le filé d’étoiles. Cependant, si un filé demande parfois plusieurs heures d’exposition pour obtenir de très longues traînées, on va réaliser cet effet à partir de multiples expositions plus courtes. Chaque photo est ainsi réalisée en un maximum de 30 secondes à 1 minute. Premièrement, cela permet de limiter la surchauffe du capteur, ce qui pourrait se traduire par des pixels morts à l’image. De plus, si vous heurtez le trépied ou que le vent fait trembler votre équipement, vous ne perdrez qu’une unique image de quelques secondes, ce qui n’affectera pas le résultat du star trails. En revanche, si la photo dure plusieurs minutes, il risque d’y avoir un espace entre plusieurs traînées d’étoiles. 

Un filé d’étoiles s’effectue à partir d’une succession de photos avec une exposition de 30 secondes à 1 minute maximum. 

Ensuite, vous devrez régler la sensibilité ISO pour équilibrer l’exposition. Ce paramètre définit la sensibilité du capteur à la lumière. Une forte sensibilité ISO maximise ainsi la capture de la lumière, mais peut introduire du bruit numérique. Il est donc nécessaire de faire attention à ne pas utiliser une trop forte sensibilité ISO. Chaque appareil photo possède sa propre limite, souvent située entre 1600 et 6400 ISO. Pour connaître la valeur limite de votre appareil, il est possible de réaliser une série d’images d’un sujet identique en augmentant progressivement la valeur ISO. Analysez ensuite les images pour déterminer la valeur à partir de laquelle le grain devient trop détériorant. 

Enfin, vous devrez désactiver le système autofocus de votre appareil et réaliser manuellement la mise au point sur l’infini. Pour ce faire, tournez entièrement la bague de mise au point de l’objectif, comme pour focaliser sur un objet éloigné. Revenez ensuite légèrement en arrière, d’environ 5 à 10°. Une fois la mise au point réglée, vous n’aurez plus à y toucher de toute la séance. 

Effectuez la mise au point sur l’infini pour obtenir des images nettes et précises. 

Trouver l’exposition parfaite

Une fois que vous avez configuré tous les paramètres d’exposition, effectuez une première prise de vue pour vérifier si la luminosité de l’image est correcte. Si votre exposition est trop sombre ou trop claire, ajustez la vitesse d’obturation, la sensibilité ISO ou l’ouverture. Dès que vous obtenez l’exposition parfaite, verrouillez les réglages et passez à l’étage suivant. 

Une fois l’exposition parfaite obtenue, vous n’aurez plus besoin d’ajuster les réglages de votre appareil, excepté si la luminosité croît ou décroît. 

Régler l’intervallomètre 

Plus l’appareil photo va fixer longtemps le même point, plus les traînées lumineuses seront longues. Cependant, nous avons vu que l’exposition ne doit pas dépasser 30 secondes à 1 minute pour limiter les déchets et maximiser la qualité des photos. La solution consiste donc à capturer une très grande série d’images, puis à les assembler en post-traitement. Pour ce faire, vous aurez besoin d’utiliser un intervallomètre. Les appareils photo modernes intègrent directement cette fonction. Si ce n’est pas le cas de votre modèle, vous pouvez utiliser un intervallomètre externe comme le Photoolex T720N pour les appareils Nikon ou le Neewer pour les appareils Canon.

L’intervallomètre Photoolex T720N est compatible avec les appareils photo Canon et Nikon. Il vous permet de photographier en continu sans avoir à manipuler l’appareil photo. 

Le réglage de l’intervallomètre pour le star trails est très simple. Si votre vitesse d’obturation est de 30 secondes, définissez un intervalle de 31 secondes. Cette seconde supplémentaire est suffisamment longue pour que l’appareil puisse enregistrer l’image sur la carte mémoire, tout en restant assez brève pour préserver la fluidité des traînées. Concernant le nombre d’images, il n’y a pas de règle particulière, car cela dépendra du temps que vous avez devant vous, de l’espace disponible sur votre carte mémoire et de l’autonomie de votre batterie. Cependant, plus vous prendrez de photos, plus les traînées seront longues. Un minimum de 200 photos forme un bon point de départ. Enfin, pensez à désactiver la réduction de bruit de votre appareil, sans quoi la prise de vue en continu ne sera pas possible. 

Plus vous prenez un nombre important d’images, plus vous pourrez obtenir de longues traînées. 

Assembler un star trails dans Photoshop 

Pour obtenir l’effet de filé d’étoiles, il est nécessaire d’empiler toutes les images à l’aide d’un logiciel comme Photoshop. Dans celui-ci, allez dans le menu “fichier”, puis “scripts”, et sélectionnez “chargement des fichiers dans une pile”. Dans la fenêtre qui vient de s’ouvrir, cliquez sur “parcourir” et sélectionnez le dossier contenant toutes les photos de votre séance. Validez sans cocher les différentes options proposées. Vos images seront alors importées dans Photoshop sous la forme de calques. Le processus peut prendre plusieurs minutes en fonction du nombre d’images. Lorsqu’il est terminé, sélectionnez tous les calques et modifiez le mode de fonction par “éclaircir”. Vous verrez alors apparaître le filé d’étoiles. Vous pourrez ensuite empiler tous les calques en un seul à l’aide de la commande CMD +E sur Mac ou CTRL + E sur Windows. Enfin, vous pouvez modifier les différents aspects de l’image à partir de Photoshop ou l’exporter si elle vous convient. Pour un résultat professionnel, vous pouvez finaliser le traitement dans Lightroom pour y appliquer les 101 presets Lightroom pour l’astrophotographie

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